mardi 16 août 2011

César Frank - Prélude, fugue et variation op. 18



Organiste : Marie-Claire Alain

César (Auguste-Jean-Guillaume-Hubert) Franck, né le 10 décembre 1822 à Liège (Royaume-Uni des Pays-Bas), mort le 8 novembre 1890 à Paris, professeur, organiste et compositeur d'origine belge, naturalisé français, est l'une des grandes figures de la vie musicale française de la seconde partie du XIXe siècle.

En 1830, son père l'inscrit au Conservatoire de Liège où il remporte, en 1834, les grands prix de solfège et de piano. De 1833 à 1835, il fait des études d'harmonie chez Joseph Daussoigne-Méhul, un neveu d'Étienne Nicolas Méhul (1763-1817), qui a enseigné au Conservatoire de Paris. Encouragé par ses succès musicaux, son père organise, au printemps 1835, une série de concerts à Liège, à Bruxelles et à Aix-la-Chapelle.

La même année, la famille déménage à Paris. César devient à cette occasion l'élève d'Antoine Reicha (le professeur de Berlioz, Liszt et Gounod). Entré au conservatoire de Paris en 1837, il remporte d’abord, en 1838, le premier prix de piano de manière extraordinaire, comme le relate la presse de l’époque : «Après avoir décerné tout d’une voix le premier prix à M. Franck, le jury est de nouveau entré en délibération, et M. Cherubini est venu dire : "Le jury ayant décidé que M. Franck était hors ligne, personne ne devant partager avec lui, on donnera un second premier prix à ceux qui auront mérité le prix ordinaire." Ce qui a motivé l’espèce de grand prix d’honneur, qu’on a accordé à M. Franck, concourant pour la première fois, c’est, outre sa brillante exécution, la manière ferme et sûre dont il a déchiffré et transposé le morceau que les exécutants sont obligés de jouer à première vue. Le jeune artiste qui a ainsi doublé les difficultés du concours, méritait à juste titre d’être distingué» César Franck avait superbement joué le difficile concerto en si mineur de Hummel, mais avait surtout transposé, à vue, le morceau imposé de si bémol à do!

Le jeune César obtient ensuite le premier prix de contrepoint (1840) et le second prix d'orgue (1841, dans la classe de François Benoist). Afin de le consacrer à une carrière de virtuose, son père le retire du conservatoire en 1842, sans qu'il ait la chance de participer au prestigieux Prix de Rome.

Durant cette période, il se consacre à la composition : il publie ses trios op. 1 en 1843 et commence la rédaction de son oratorio Ruth et entreprend sous la pression de son père, qui fait également office d'impresario, une série de concerts en Belgique, Allemagne et en France.

En 1845, Franck rompt avec son père et retourne à Paris, cette ville où il passera désormais sa vie. Il compose un poème symphonique, Ce qu'on entend sur la montagne, et travaille sur son opéra Le valet de la ferme.

De 1845 à 1863, César Franck participera à tous les concerts de l'Institut musical d'Orléans, en tant que pianiste accompagnateur. Cela est indiqué sur une plaque posée dans le hall de la salle de l'Institut, au bas du Conservatoire à rayonnement départemental d'Orléans.

En 1853, après un passage à l'église Notre-Dame-de-Lorette, il devient organiste à l'église Saint-Jean-Saint-François du Marais. Ayant été inspiré par le jeu de Jacques-Nicolas Lemmens, il est encouragé à perfectionner son jeu de pédales et à développer ses techniques d'improvisation.

Il devient l'organiste de la nouvelle église Sainte-Clotilde où il inaugure le premier décembre 1859 un des plus beaux instruments du facteur d'orgues Aristide Cavaillé-Coll. Il en restera le titulaire jusqu'à sa mort.

En 1871, il est nommé professeur d'orgue au Conservatoire de Paris en remplacement de François Benoist. Pour obtenir ce poste, il doit devenir citoyen français. Il prend officiellement possession de sa classe en février 1872. Il a pour élève Vincent d'Indy, qui rédigera sa biographie.

La période allant de 1874 jusqu'à sa mort est celle d'une intense créativité : oratorios, œuvres pour piano, quatuors à cordes, sonate pour violon, ballet, poèmes et variations symphoniques, pièces diverses pour orgue.

En 1885, il est décoré de la Légion d'honneur, et devient en 1886 président de la Société nationale de musique.

Au début du mois de mai 1890, César Franck est victime d'un accident de fiacre à Paris. Alors qu'il se rendait chez un ami pianiste, son fiacre est heurté par un omnibus, blessant le musicien au côté droit. On diagnostique une pleurésie.

Il semble se remettre. Cependant, la progression de l'emphysème du poumon dont Franck était atteint inquiétait son médecin. Une nouvelle thérapie est tentée. Mais l'état de santé du grand organiste s'altère encore, ne lui permettant même pas de retourner à ses orgues bien-aimées de Sainte-Clotilde, pour y jouer ses trois Chorals.

Il s'éteint au milieu des siens dans la soirée du 8 novembre 1890. Il repose au Cimetière du Montparnasse.

Nicolas de Grigny - Récit de tierce en taille


Nicolas de Grigny récit de tierce en taille... par benjaminreeves

Nicolas de Grigny est un organiste et compositeur français né et mort à Reims (baptisé le 8 septembre 1672 - mort le 30 novembre 1703).

Il est issu d'une famille de musiciens. Il est élève de Nicolas Lebègue, et tient les orgues de Saint-Denis. Marié en 1695 (il aura sept enfants), il retourne en 1696 dans sa ville natale et est nommé titulaire des orgues de la Cathédrale Notre-Dame, poste qu'il occupe jusqu'à sa mort prématurée.

Il publie un seul livre d'orgue (1699) consistant en une messe et cinq hymnes pour différentes fêtes de l'Église (Veni creator, Pange lingua, Verbum supernum, Ave maris stella, A solis ortus).

Le volume réduit de cette œuvre n'empêche pas Nicolas de Grigny d'être généralement considéré comme un des grands maîtres de l'orgue français, il est mort jeune sans avoir pu léguer tout ce que son génie laissait espérer. Il y montre, non sans une certaine austérité, une science du contrepoint , un sens de l'harmonie et une profondeur d'inspiration religieuse qui l'égalent aux plus grands, François Couperin et Louis Marchand, ses contemporains.

Jean-Sébastien Bach fut un admirateur fervent de Nicolas de Grigny : il découvrit sa musique pendant sa jeunesse, lors du séjour à Lüneburg et recopia à la main l'intégralité de ce livre, qui devait l'influencer, à l'égal de Buxtehude et, plus tard, de Frescobaldi, dans l'élaboration de son œuvre pour orgue.


lundi 15 août 2011

Jehan Alain - Litanies



Jehan Alain, né à Saint-Germain-en-Laye le 3 février 1911 et mort le 20 juin 1940 près de Saumur, est un compositeur et organiste français.
Il est le fils du compositeur Albert Alain et frère des organistes Marie-Claire Alain et Olivier Alain.

Issu d'une famille de musiciens, aîné de quatre enfants, avec en particulier un père également organiste, compositeur, Albert Alain, et facteur d'orgue amateur. Il se fabriqua un orgue pour la maison, et Jehan débuta dès l'âge de 11 ans sur cet instrument. Au Conservatoire national supérieur de Paris, il fut l'élève, entre autres, de Paul Dukas, Jean Roger-Ducasse, André Bloch, Georges Caussade et de Marcel Dupré. Lors des cours d'improvisation avec ce dernier, les autres élèves préféraient jouer avec Jehan Alain pour ne pas paraître ridicules[réf. nécessaire]. Lors de l'une de ces séances d'improvisation, Jehan Alain termina l'une d'elles dans une tonalité étrangère à celle de départ (ce qui est « considéré comme un crime »). Il dit alors « Je me suis trompé ! » Marcel Dupré lui répondit alors : « Eh bien, il faudrait vous tromper plus souvent ! ».

Marié en 1935, père de trois enfants, il est mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale. Cité pour actes de bravoure, il incorpore le premier Groupe Franc de Cavalerie du capitaine de Neuchèze et participe à la bataille des Cadets de Saumur en juin 1940. Il résiste seul à un peloton d'assaut allemand et meurt au champ d'honneur à 29 ans1.

Sur à peu près dix années, il composa essentiellement des pièces d'orgue dont l'une des plus célèbres reste les Litanies : une pièce pour orgue composée en 1937. En tête de celle-ci, on lit « Quand l'âme chrétienne ne trouve plus de mots nouveaux dans la détresse pour implorer la miséricorde de Dieu, elle répète sans cesse la même invocation avec une foi véhémente. La raison atteint sa limite. Seule la foi poursuit son ascension. » Ces phrases ont été écrites par Alain à la suite de la mort de sa sœur Marie-Odile dans un accident de montagne.

Les litanies sont une des prières liturgiques d’intercession, en usage dans le catholicisme.

Alain a terminé la composition des Litanies le 15 août 1937, et il en assume lui-même la création à Paris, à l'église de la Trinité, le 17 février 19381. La dédicataire, Virginie Schildge-Bianchini, crée la pièce aux États-Unis en mai de la même année.

La pièce est éditée chez Leduc en 1939. Marie-Claire Alain, sœur du compositeur, dispose du manuscrit.

Litanies est une pièce assez brève, dont l'exécution requiert entre quatre minutes et quatre minutes et demie.

La partition ne comporte pas de mesure chiffrée, juste des barres de mesure encadrant des groupes de notes plus ou moins réguliers : beaucoup de ces mesures ont une durée de seize croches, mais c'est loin d'être vrai partout, notamment dans la coda. Quoi qu'il en soit, l'œuvre compte 77 mesures.

Il n'y a pas d'unité de tempo tout au long de la pièce. De nombreuses indications tout au long du morceau viennent le modifier ; du plus lent au plus rapide, on peut lire declamato, subito più lento e intimo, lirico ma sempre vivo, vivo, poco accelerando, accelerando sempre, vivacissimo.

Enfin, il n'y a pas non plus d'unité particulière concernant l'armure : le début et la fin comportent 5 bémols à la clé qui sont parfois allégés dans l'armure et par des altérations accidentelles. De nombreuses modulations ont donc lieu, menant par exemple à un do majeur qualifié par Marie-Claire Alain de nostalgique2 (enclave subito più lento e intimo, mesures 28-29), ou à un la majeur forte (accords aux manuels et mélodie au pédalier, mesures 52-53).

Premier thème

Le premier thème est énoncé seul, en unisson, aux manuels, à la mesure 1. Bien que l'armure initiale puisse suggérer (de manière purement théorique) l'emploi de la tonalité de ré bémol majeur ou de si bémol mineur, il n'en est rien. Le premier thème utilise en fait le mode de ré transposé sur mi bémol, ce qui revient bien à une gamme de mi bémol mineur dans laquelle le do est bécarre et le ré est bémol.
Ce mode original ne permet pas d'établir clairement une tonalité et donne au thème un aspect grégorien propre à évoquer d'emblée la notion de litanie.

Le fait de rappeler le grégorien dans la musique d'orgue a déjà eu lieu auparavant, entre autres sous l'influence de Joseph Pothier : on peut citer par exemple les Soixante interludes dans la tonalité grégorienne de Guilmant (1837-1911), l'Album grégorien (1895) de Gigout (1844-1925), ou, plus proche des Litanies, la Fantaisie sur des thèmes grégoriens opus 1 (1927) de Duruflé (1902-1986)...

L'ambiguïté relative à la tonalité du premier thème est entretenue par les nombreuses modulations et modifications d'harmonisation qu'il connait, et elle n'est pas levée par l'accord final : sa basse est mi bémol, il comporte sol et si bémols, ce qui en ferait un accord parfait de mi bémol mineur, mais s'y ajoutent la bémol et do, qui eux forment avec la basse un accord de quarte et sixte de la bémol majeur.

Second thème

Le second thème est couramment surnommé « motif du chemin de fer ». Issu d'une précédente pièce d'Alain, Fantasmagories (JA 63), composée en 1935, il imite le bruit répétitif d'un wagon roulant sur des rails, et constitue un trait d'humour d'Alain. Alors que le premier thème est très mélodique, le second est très rythmique, formant une carrure dont les deux premières mesures sont chacune ponctuées par le même accord majeur, et les deux dernières mesures par le même accord minoré.

Interprétation et virtuosité

Jehan Alain confiait à son ami Bernard Gavoty : « Si à la fin tu ne te sens pas fourbu, c'est que tu n'auras rien compris ni joué comme je le veux. Tiens-toi à la limite de la vitesse et de la clarté », et qu'« une allure tranquille défigurerait mes Litanies ». Il reconnaissait cependant pour certains passages qu'« au vrai tempo, c'est injouable ». Un exemple parmi d'autres de la difficulté du morceau se trouve dans les mesures 42 à 44 : des notes doubles au pédalier supportent un accompagnement en accords de trois notes à la main gauche, cependant que la mélodie (main droite) est soutenue par des notes tenues, à la main droite aussi ; or, c'est dans ce contexte déjà chargé (et alors qu'il n'y a pas de silences) qu'Alain exige de l'organiste de manipuler les tirants de la console de manière à ajouter successivement la trompette du positif, le clairon du grand orgue, puis la trompette du grand orgue ! (Source : Wikipêdia)

Olivier Messiaen - 'Le Verbe', La Nativité du Seigneur



Olivier Eugène Charles Prosper Messiaen, né le 10 décembre 1908 à Avignon et mort le 27 avril 1992 à Clichy-la-Garenne, est un compositeur, organiste, pianiste, ornithologue et pédagogue français.

Son œuvre trouve ses sources dans une profonde ferveur catholique, un goût prononcé pour le plain-chant médiéval, les rythmes hindous et grecs, ainsi que le chant des oiseaux. L'Ascension (1933), le Quatuor pour la fin du Temps (1940), les Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus (1944), la Turangalîla-Symphonie (1946-48), et la Messe de la Pentecôte, entre autres œuvres majeures, ont contribué à faire d'Olivier Messiaen un des compositeurs les plus influents de la seconde moitié du XXe siècle.

Son enseignement au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris a également contribué à sa notoriété internationale, tant la liste de ses élèves est longue et prestigieuse.

La Nativité du Seigneur est une œuvre pour orgue, écrite à Grenoble, en 1935 à l'âge de 27 ans.

Des dires même du compositeur, elle a été inspirée par les montagnes toutes proches, du moins pour les quatrième et dernière pièces.

Elle est composée de neuf pièces (neuf « méditations »), et dure un peu moins d'une heure.

La vierge et l'enfant;
Les bergers
Desseins éternels
Le verbe
Les Enfants de Dieu
Les Anges
Jésus accepte la souffrance
Les mages
Dieu parmi nous

Comme l'indique le compositeur en note dans la partition, il a cherché « L'émotion et la sincérité d'abord. Mais transmises à l'auditeur par des moyens sûrs et clairs ». Messiaen y utilise abondamment les éléments de son langage musical habituel, en particulier les modes à transposition limitée. Source : Wikipedia.

Charles Tournemire (1870-1939) Choral-Improvisation sur le Victimae paschali



Charles Tournemire est un organiste, un improvisateur et un compositeur français né à Bordeaux le 22 janvier 1870 et mort à Arcachon le 4 novembre 1939.

Tournemire fut le plus jeune élève de César Franck, fut également l'élève de Charles-Marie Widor et remplaça en 1898 Gabriel Pierné (1863-1937) au poste d'organiste à la Basilique Sainte-Clotilde à Paris. Il en fut titulaire de 1898 à sa mort en 1939. A partir de 1919 il enseigne au Conservatoire de Paris en tant que professeur de musique d'ensemble (formations diverses : trios, quatuors, quintettes, etc.).

Organiste renommé pour ses improvisations, ses œuvres pour orgue sont nombreuses, sérieuses et respectent la liturgie catholique, notamment à travers son recueil l'Orgue Mystique (constitué des 51 messes de l'année liturgique catholique). Il a également composé des mélodies, des pièces pour piano, de la musique de chambre, huit symphonies et plusieurs opéras et oratorios. Ces derniers sont inédits, seuls existent les manuscrits conservés à la Bibliothèque nationale de France.

La pièce est un choral-improvisation sur Victimae paschali laudes qui est une séquence prescrite pour la messe catholique et la liturgie protestante lors de l'eucharistie du dimanche de Pâques.

Source : Wikipedia.

Jean-Sébastien Bach, Toccata et Fugue en ré mineur BWV 565



Johann Sebastian Bach (31 mars1 1685 - 28 juillet 1750), en français Jean-Sébastien Bach, est un musicien et compositeur allemand.

Membre le plus éminent de la plus prolifique famille de musiciens de l'histoire, sa carrière s'est entièrement déroulée en Allemagne centrale, dans le cadre de sa région natale, au service de petites municipalités, de cours princières sans importance politique puis du conseil municipal de Leipzig qui lui manifestait peu de considération : il n'a ainsi jamais pu obtenir un poste à la mesure de son génie et de son importance dans l'histoire de la musique occidentale, malgré la considération de certains souverains allemands (tel Frédéric le Grand) pour le « Cantor de Leipzig ».

Orphelin de bonne heure, sa première formation a été assurée par son père puis par son frère aîné, mais il a surtout été un autodidacte passionné de son art, copiant et étudiant sans relâche les œuvres de ses prédécesseurs et de ses contemporains, développant sa science de la composition et particulièrement du contrepoint jusqu'à un niveau inconnu avant lui et, depuis lors, jamais surpassée. Johann Sebastian Bach a été un virtuose de plusieurs instruments, violon et alto, mais surtout clavecin et orgue : sur ces deux instruments, ses dons exceptionnels faisaient l'admiration et l'étonnement de tous ses auditeurs ; il prétendait jouer tout à première vue, et pouvait improviser sur le champ une fugue à trois voix. Il avait aussi une compétence reconnue et très sollicitée en expertise de facture instrumentale.

A la croisée des principales traditions musicales européennes (pays germaniques, France et Italie), il en a opéré une synthèse géniale. Il n’a pas créé de formes musicales nouvelles, mais a pratiqué tous les genres existant à son époque à l’exception de l’opéra : dans tous ces domaines, ses compositions, dont seules quelques-unes ont été imprimées de son vivant, montrent une qualité exceptionnelle en invention mélodique, en développement contrapuntique, en science harmonique, en lyrisme inspiré d’une profonde foi luthérienne. La musique de J.S. Bach réalise l'équilibre parfait du contrepoint (l'entrelacement des lignes mélodiques : l'aspect horizontal de la musique) et de l'harmonie (l'organisation des accords : son aspect vertical) avant que cette dernière prenne le pas à partir du milieu du siècle. Il est en particulier le grand maître de la fugue, du prélude de choral, de la cantate religieuse, de la suite qu’il a portés au plus haut degré d’achèvement. La principale destination de ses œuvres a beaucoup dépendu des fonctions exercées : pièces pour orgue à Mülhausen ou Weimar, instrumentales et orchestrales à Cöthen, religieuses à Leipzig notamment.

Ses contemporains l’ont souvent considéré comme un musicien austère, trop savant et moins tourné vers l’avenir que certains de ses collègues. Il a formé de nombreux élèves et transmis son savoir à plusieurs fils musiciens pour lesquels il a composé de nombreuses pièces à vocation didactique, ne laissant cependant aucun écrit ou traité. Mais la fin de sa vie a été consacrée à la composition, au rassemblement et à la mise au propre d’œuvres magistrales ou de cycles synthétisant et concrétisant son apport théorique, constituant une sorte de « testament musical ».

Peu connue de son vivant au dehors de l'Allemagne, passée de mode et plus ou moins oubliée après sa disparition, son œuvre, comprenant plus de mille compositions, est généralement considérée comme l'aboutissement et le couronnement de la tradition musicale du baroque : elle a fait l’admiration des plus grands musiciens, conscients de son extraordinaire valeur artistique. De nos jours, Johann Sebastian Bach est considéré comme un des plus grands – sinon le plus grand – compositeurs de tous les temps.

La Toccata et fugue en ré mineur BWV 565 est l'œuvre pour orgue la plus connue à travers le monde. Elle est datée entre 1703 et 1707.

L'inspiration d'une telle œuvre n'est pas si difficile à trouver. À ses débuts, Bach fut un très grand admirateur de Dietrich Buxtehude, au point de s'absenter plusieurs mois, alors qu'il travaillait pour la ville d'Arnstadt, afin d'aller l'écouter à Lübeck. Les œuvres pour orgue d'Allemagne du Nord de cette époque sont caractérisées par la présence du Stylus phantasticus, dérivé de l'improvisation. Ce dernier comprend des passages héroïques, aux harmonies recherchées et aux changements soudain de rythme. Ces pièces débutent généralement par une partie où le compositeur fait preuve de beaucoup de liberté. Dans sa composition, la toccata de Bach utilise énormément le stylus Fantasticus.

La toccata (de l'italien toccare toucher), est une pièce musicale pour instruments à clavier de style improvisé et virtuose — arpèges, traits, pédale, etc. Originellement destinée à permettre à un instrumentiste de prendre contact avec un instrument, cette forme dérive ensuite pour devenir une démonstration du talent de l'interprète et permettre de faire apprécier les qualités de l'instrument.

Du fait de l'ancienneté de l'œuvre, il subsiste de nombreuses inconnues sur les conditions de sa composition. En particulier, la source la plus ancienne conservée est une copie par Johannes Ringck à qui on attribue une réputation sulfureuse. L'idée que BWV 565 puisse être une transcription d'une œuvre pour violon seul a également été émise2.

De récents travaux musicologiques attribuent aussi l'œuvre à Johann Peter Kellner.

Cependant, il n'en demeure pas moins qu'un très large consensus ne s'est jamais départi de l'idée que le BWV 565 est bien une œuvre originale de Jean-Sébastien Bach. Certes, œuvre de jeunesse, elle est particulièrement empreinte des influences dont Bach aimait à s'imprégner. Cependant, les indices de la paternité de Bach abondent, la ressemblance avec d'autres œuvres de Bach sont nettes (toccata en mi majeur BWV 566, toccata en do majeur BWV 564), et la formule initiale de trois notes (aller-retour descendant sur deux notes voisines (plus généralement appelé un pincé) est retrouvée dans BWV 538 et BWV 540. De manière générale, la solidité et la longueur de la fugue (notamment le petit labyrinthe contrapuntique allant des mesures 97 à 109) étaient probablement inimitables à l'époque, et ne peuvent que témoigner du génie du compositeur. Source : Wikipedia

Dietrich Buxtehude - Prélude en sol mineur Bux WV 163



Harald Vogel a écrit dans son livret que ce prélude est beaucoup plus attaché à l'idiome du jeu de clavecin qu'à celui de l'orgue.

Dieterich Buxtehude - Prélude en ré mineur Bux WV 140



Les origines de Dietrich Buxtehude sont mal connues, même si différents témoignages permettent de privilégier la date de 1637 pour sa naissance. Il est également possible qu'il tienne son nom de la ville de Buxtehude, où il a pu naître, non loin de la capitale de l'orgue d'Europe du nord, Hambourg. Il est le fils de Johannes Buxtehude, organiste lui-même, sans doute né à Oldesloe, dans le Holstein, près du Danemark. Johannes Buxtehude fut vraisemblablement le titulaire de l'orgue de Saint-Marie d'Helsingborg (peut-être à partir de 1633) puis de Saint-Olaf d'Elseneur (à partir de 1641 ou 1642), avant de renoncer à son poste en 1672, et de s'installer à Lübeck, où il mourut en 1674. De la mère de Dietrich, on ne connaît que le prénom, Helle, et celui de son propre père, Jesper, ce qui pourrait indiquer une souche danoise.

L'éducation de Dietrich Buxtehude se déroule donc pour l'essentiel au Danemark, où il vit dès cinq ans. Outre de probables études classiques à la Lateinschule d'Elseneur, il étudie la musique, probablement sous la conduite de son père. Il assiste également au relevage de l'orgue de Saint-Olaf par Johann Lorentz, en 1649-1650, probable occasion d'un apprentissage de la facture d'orgue.
Orgue de Sainte-Marie d'Elseneur, où Dietrich Buxtehude est titulaire entre 1660 et 1668.

On ne sait rien de plus sur ses années de formation, sa scolarité à la Lateinschule s'étant probablement achevée à l'âge de dix-huit ans, en 1653. Tout juste peut-on émettre l'hypothèse qu'il se soit rendu à Copenhague, où la cour de Frédéric III est un des foyers musicaux les plus brillants d'Europe, et surtout où est établi Johann Lorentz le Jeune (1610-1693), l'un des organistes les plus réputés de son temps, titulaire de la Nikolaïkirche, et qui compte parmi les proches de Johannes Buxtehude5. Il est également possible que Dietrich se soit rendu à Lübeck, auprès de Franz Tunder, ou encore à Hambourg, auprès de Heinrich Scheidemann (lui-même élève de Sweelinck), ce qui aurait été l'occasion d'une première rencontre avec Reinken4.

Le début de carrière et l'installation à Lübeck.

Dietrich Buxtehude est nommé titulaire de Sainte-Marie de Helsingborg en 1657 ou 1658, dans une région ravagée par la guerre entre le Danemark et la Suède. En 1660, Buxtehude succède à l'organiste Claus Dengel, à Sainte-Marie d'Elseneur. Ses appointements passent de 75 à 200 thalers par an, nettement plus que les 125 thalers que gagne son père à Saint-Olaf. Dietrich Buxtehude réside avec ses parents, et voit sa réputation d'organiste grandir, il se lie d'amitié avec Marcus Meibom, fidèle de sa paroisse, et surtout humaniste renommé et historien de la musique.

En 1667, à la mort de l'organiste Franz Tunder, Buxtehude est retenu pour lui succéder comme titulaire de Sainte-Marie de Lübeck : il prend officiellement ses fonctions le 11 avril 16688. La vieille capitale hanséatique est une métropole commerçante d'importance, bien qu'une crise économique y sévisse alors. L'organiste est la principale figure musicale de la ville, et ses nouveaux revenus s'élèvent à 472 thalers, soit plus du double de son salaire à Elseneur8. Son installation est rapide : il acquiert la nationalité lubeckoise le 23 juillet 1668 et le 3 août, il épouse une fille de son prédécesseur, Anna Margaretha, née en 1646, qui lui donnera sept filles entre 1669 et 1686.

Buxtehude cumule les fonctions d'organiste et d'administrateur de Sainte-Marie, l'église la plus importante de la ville. Sa qualité d'organiste comprend par ailleurs le déroulement musical des cérémonies, au grand-orgue et, pour certaines cérémonies, à un deuxième orgue situé dans la chapelle « de la danse macabre », dans le transept nord ; mais aussi l'entretien des instruments (et la commande de travaux d'importance en cas de nécessité) ; la direction d'un ensemble musical (sept musiciens appointés par la ville, trois par l'église, un organiste pour le positif) ; et la responsabilité sur l'école voisine de Sainte-Catherine, où un cantor dirige un ensemble vocal11. Buxtehude reprend également les veillées musicales ou Abendmusiken initiées par son prédécesseur Franz Tunder, des concerts spirituels proches de l'oratorio, et leur donne une dimension nouvelle. Enfin, la bourgeoisie lubeckoise le sollicite pour composer des musiques destinées à des fêtes privées, à des mariages Cette activité intense semble toutefois avoir faibli avec les années, et le déclin économique de la ville.

Ce poste prestigieux est aussi l'occasion pour Buxtehude d'entretenir des relations avec les musiciens les plus réputés de son temps, comme Gustav Düben, titulaire de l'église allemande de Stockholm (et dédicataire des Membra Jesu nostri en 1680), et Johann Theile, élève de Schütz, qui séjourne à Lübeck entre 1671 et 1673, avant de s'établir à Hambourg comme Kappelmeister du duc Christian Albert jusqu'en 1685. La proximité de cette grande métropole est importante pour Buxtehude, qui s'y rend probablement assez souvent, et y fréquente, outre Theile, Reinken, titulaire de Sainte-Catherine avec lequel il entretient vraisemblablement une sincère amitié14, Matthias Weckmann, titulaire de Saint-Jacques, ou encore Christoph Bernhard, cantor de Saint-Jean et director musices de la ville, de 1664 à 1674.

La réputation de Buxtehude lui permet de nouer d'autres amitiés fructueuses, en particulier avec le grand théoricien Andreas Werckmeister, et de susciter l'admiration de ses contemporains, comme Johann Pachelbel qui lui dédie son Hexachordum Apollinis en 1699. Buxtehude attire par ailleurs des élèves venus de toute l'Allemagne : Daniel Erich en 1675, Lovies Busbetzky en 1679, puis le talentueux Nicolaus Bruhns en 1682, Georg Dietrich Leyding en 1684, et d'autres encore. Le jeune Bach est probablement son élève le plus connu : en 1705, il se rend à pied d'Arnstadt à Lübeck, où il demeure trois mois, séjour dont on ne connaît pas les détails.

La succession et la fin

La succession de Buxtehude, qui n'a pas de fils et dont le meilleur élève, Bruhns, est mort prématurément en 1697, préoccupe le conseil de Lübeck qui, dès 1703, invite Johann Mattheson à venir faire acte de candidature. Ce dernier se rend à Lübeck accompagné de son jeune ami Georg Friedrich Haendel, en août 1703. C'est Mattheson qui relate que Buxtehude aurait exigé une clause matrimoniale : son successeur aurait ainsi dû se marier avec l'une des filles de Buxtehude, sans que l'on sache laquelle. Cette clause fut refusée par Mattheson et Haendel, à qui le poste aurait également été proposé, sans que rien n'autorise les interprétations qui ont été faites depuis de cet épisode. L'hypothèse de Philipp Spitta selon laquelle Buxtehude aurait offert au jeune Bach sa succession à la même condition ne se base ainsi sur aucune source, et rien ne vient appuyer la vision d'Albert Schweitzer pour qui « Mademoiselle Buxtehude n'avait ni les agréments de la jeunesse ni ceux de la beauté ».

Toujours est-il que Buxtehude désigne pour son successeur Johann Christian Schieferdecker, qui vient s'établir dès la fin de l'année 1705. Dietrich Buxtehude meurt le 9 mai 1707, à soixante-dix ans, et est inhumé le 16 mai dans le caveau de l'église Sainte-Marie où reposent son père et ses quatre filles mortes prématurément. Schieferdecker est élu à sa succession par le conseil de Lübeck le 23 juin, et épouse bien la fille aînée de Buxtehude, Anna Margreta, de quatre ans plus âgée que lui, quelques semaines plus tard.