lundi 15 août 2011

Jehan Alain - Litanies



Jehan Alain, né à Saint-Germain-en-Laye le 3 février 1911 et mort le 20 juin 1940 près de Saumur, est un compositeur et organiste français.
Il est le fils du compositeur Albert Alain et frère des organistes Marie-Claire Alain et Olivier Alain.

Issu d'une famille de musiciens, aîné de quatre enfants, avec en particulier un père également organiste, compositeur, Albert Alain, et facteur d'orgue amateur. Il se fabriqua un orgue pour la maison, et Jehan débuta dès l'âge de 11 ans sur cet instrument. Au Conservatoire national supérieur de Paris, il fut l'élève, entre autres, de Paul Dukas, Jean Roger-Ducasse, André Bloch, Georges Caussade et de Marcel Dupré. Lors des cours d'improvisation avec ce dernier, les autres élèves préféraient jouer avec Jehan Alain pour ne pas paraître ridicules[réf. nécessaire]. Lors de l'une de ces séances d'improvisation, Jehan Alain termina l'une d'elles dans une tonalité étrangère à celle de départ (ce qui est « considéré comme un crime »). Il dit alors « Je me suis trompé ! » Marcel Dupré lui répondit alors : « Eh bien, il faudrait vous tromper plus souvent ! ».

Marié en 1935, père de trois enfants, il est mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale. Cité pour actes de bravoure, il incorpore le premier Groupe Franc de Cavalerie du capitaine de Neuchèze et participe à la bataille des Cadets de Saumur en juin 1940. Il résiste seul à un peloton d'assaut allemand et meurt au champ d'honneur à 29 ans1.

Sur à peu près dix années, il composa essentiellement des pièces d'orgue dont l'une des plus célèbres reste les Litanies : une pièce pour orgue composée en 1937. En tête de celle-ci, on lit « Quand l'âme chrétienne ne trouve plus de mots nouveaux dans la détresse pour implorer la miséricorde de Dieu, elle répète sans cesse la même invocation avec une foi véhémente. La raison atteint sa limite. Seule la foi poursuit son ascension. » Ces phrases ont été écrites par Alain à la suite de la mort de sa sœur Marie-Odile dans un accident de montagne.

Les litanies sont une des prières liturgiques d’intercession, en usage dans le catholicisme.

Alain a terminé la composition des Litanies le 15 août 1937, et il en assume lui-même la création à Paris, à l'église de la Trinité, le 17 février 19381. La dédicataire, Virginie Schildge-Bianchini, crée la pièce aux États-Unis en mai de la même année.

La pièce est éditée chez Leduc en 1939. Marie-Claire Alain, sœur du compositeur, dispose du manuscrit.

Litanies est une pièce assez brève, dont l'exécution requiert entre quatre minutes et quatre minutes et demie.

La partition ne comporte pas de mesure chiffrée, juste des barres de mesure encadrant des groupes de notes plus ou moins réguliers : beaucoup de ces mesures ont une durée de seize croches, mais c'est loin d'être vrai partout, notamment dans la coda. Quoi qu'il en soit, l'œuvre compte 77 mesures.

Il n'y a pas d'unité de tempo tout au long de la pièce. De nombreuses indications tout au long du morceau viennent le modifier ; du plus lent au plus rapide, on peut lire declamato, subito più lento e intimo, lirico ma sempre vivo, vivo, poco accelerando, accelerando sempre, vivacissimo.

Enfin, il n'y a pas non plus d'unité particulière concernant l'armure : le début et la fin comportent 5 bémols à la clé qui sont parfois allégés dans l'armure et par des altérations accidentelles. De nombreuses modulations ont donc lieu, menant par exemple à un do majeur qualifié par Marie-Claire Alain de nostalgique2 (enclave subito più lento e intimo, mesures 28-29), ou à un la majeur forte (accords aux manuels et mélodie au pédalier, mesures 52-53).

Premier thème

Le premier thème est énoncé seul, en unisson, aux manuels, à la mesure 1. Bien que l'armure initiale puisse suggérer (de manière purement théorique) l'emploi de la tonalité de ré bémol majeur ou de si bémol mineur, il n'en est rien. Le premier thème utilise en fait le mode de ré transposé sur mi bémol, ce qui revient bien à une gamme de mi bémol mineur dans laquelle le do est bécarre et le ré est bémol.
Ce mode original ne permet pas d'établir clairement une tonalité et donne au thème un aspect grégorien propre à évoquer d'emblée la notion de litanie.

Le fait de rappeler le grégorien dans la musique d'orgue a déjà eu lieu auparavant, entre autres sous l'influence de Joseph Pothier : on peut citer par exemple les Soixante interludes dans la tonalité grégorienne de Guilmant (1837-1911), l'Album grégorien (1895) de Gigout (1844-1925), ou, plus proche des Litanies, la Fantaisie sur des thèmes grégoriens opus 1 (1927) de Duruflé (1902-1986)...

L'ambiguïté relative à la tonalité du premier thème est entretenue par les nombreuses modulations et modifications d'harmonisation qu'il connait, et elle n'est pas levée par l'accord final : sa basse est mi bémol, il comporte sol et si bémols, ce qui en ferait un accord parfait de mi bémol mineur, mais s'y ajoutent la bémol et do, qui eux forment avec la basse un accord de quarte et sixte de la bémol majeur.

Second thème

Le second thème est couramment surnommé « motif du chemin de fer ». Issu d'une précédente pièce d'Alain, Fantasmagories (JA 63), composée en 1935, il imite le bruit répétitif d'un wagon roulant sur des rails, et constitue un trait d'humour d'Alain. Alors que le premier thème est très mélodique, le second est très rythmique, formant une carrure dont les deux premières mesures sont chacune ponctuées par le même accord majeur, et les deux dernières mesures par le même accord minoré.

Interprétation et virtuosité

Jehan Alain confiait à son ami Bernard Gavoty : « Si à la fin tu ne te sens pas fourbu, c'est que tu n'auras rien compris ni joué comme je le veux. Tiens-toi à la limite de la vitesse et de la clarté », et qu'« une allure tranquille défigurerait mes Litanies ». Il reconnaissait cependant pour certains passages qu'« au vrai tempo, c'est injouable ». Un exemple parmi d'autres de la difficulté du morceau se trouve dans les mesures 42 à 44 : des notes doubles au pédalier supportent un accompagnement en accords de trois notes à la main gauche, cependant que la mélodie (main droite) est soutenue par des notes tenues, à la main droite aussi ; or, c'est dans ce contexte déjà chargé (et alors qu'il n'y a pas de silences) qu'Alain exige de l'organiste de manipuler les tirants de la console de manière à ajouter successivement la trompette du positif, le clairon du grand orgue, puis la trompette du grand orgue ! (Source : Wikipêdia)

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